Le Centre de recherche Droits et Perspectives du droit s’est construit autour de la conviction que les frontières disciplinaires classiques au sein du domaine de recherche qu’est le droit positif ne présentent qu’une pertinence relative. Si les interrogations sur la justification du découpage du droit en branches sont fort anciennes, elles trouvent, actuellement, à s’alimenter à diverses sources. On constate en particulier la multiplication des règles de droit qui ont vocation à s’appliquer devant les deux ordres de juridiction, par exemple en matière de responsabilité médicale. En outre, le phénomène est particulièrement alimenté par l’omniprésence, dans le droit contemporain, des droits de l’homme – indifférents aux frontières disciplinaires. Conscients de l’appauvrissement de la réflexion auquel, dans ce contexte, peut conduire un enfermement dans une discipline du droit, les membres du centre de recherche seront invités, en particulier dans le cadre de projets de recherche collective, à solliciter systématiquement des collègues juristes de l’« autre bord ». Le pari est que la réflexion commune sera alors enrichie.

Trop souvent, les juristes travaillent entre eux, sans souci de nouer des liens avec des chercheurs d’autres disciplines. Or cette interdisciplinarité large est de plus en plus exigée par les auteurs des appels à projets, en particulier au plan local par la Maison européenne des sciences de l’homme et de la société et au plan national par l’Agence nationale de la recherche. Deux membres du Centre de recherche Droits et perspectives du droit, l’une médecin et juriste, l’autre juriste, sont membres de l’équipe de direction de la Maison européenne des sciences de l’homme et de la société. Deux médecins sont membres du Centre de recherches au jour de son avènement – comme ils l’étaient dès avant du LEREDS ; il en va de même de plusieurs pharmaciens, autrefois attachés à l’IRDP ou pour l'un d'entre eux au LERADP. C’est dire que le Centre semble a priori particulièrement bien armé pour relever le défi de l’interdisciplinarité large. De fait, l’expérience des membres du Centre est, en la matière, à souligner. L'équipe René Demogue a déjà pu expérimenter à de nombreuses reprises l’intérêt de travaux interdisciplinaires, en particulier en collaboration avec des sociologues, anthropologues, économistes ou philosophes. Confirmant cette démarche interdisciplinaire, cette équipe développe, en partenariat avec des gestionnaires de différentes Universités et des membres de l’Ecole des mines de Paris, un  projet intitulé « Internormativité et entreprise – Recherche sur les modalités d’une interdisciplinarité entre le droit et la gestion ». L’interdisciplinarité est également au cœur du programme de recherche « Regards croisés sur le droit et le genre : (dé)construction et mobilisation de la norme juridique ». Les juristes de l'EREDS collaborent naturellement avec des médecins en matière de santé au travail. Et, au sein de l'ERADP, une recherche en cours, financée par l’ANR et qui porte sur l'information, la transparence et la Gouvernance, est menée en partenariat avec des collègues économistes et gestionnaires de l'EDHEC et d'EQUIPPE. Enfin, plusieurs thèses ont d’ores et déjà été soutenues par des spécialistes de droit du médicament au sein de l’IRDP ou sont en cours au sein de l'ERADP dont une bénéficiant d'une allocation du ministère. C’est dire que l’interdisciplinarité doit être avant tout une pratique du Centre de recherches – même si elle sera aussi, parallèlement et avec l’espoir d’alimenter de la sorte la pratique, un objet d’études – qui seront menées au sein de l'équipe René Demogue.

Ce souci constant de la multiplication des regards, de la sollicitation de méthodes diverses, est un des enjeux méthodologiques majeurs de la naissance du Centre de Recherche Droits et Perspectives du droit.